Tassili N'Ajjers, Algérie Carnet de voyage du 17 décembre2004
(Photos du jour)
(Carnet de voyage du lendemain)
Vendredi 17/12/2004, 08 h 00 Alanedouaren. Instants de calme avant le départ, tandis que les âniers s'affairent. Notre crêche pour la nuit était installée sous un rocher bas, dangereux pour les têtes, mais qui nous a bien abrittés des quelques gouttes de pluie tombées durant la nuit. Pas assez pour faire reverdir le désert. Comme toutes les nuits, le chacal a hurlé. Aucune étoile. Faute de soleil, ce matin, nous frissonnons. La nuit prochaine sera notre dernière à Jabbaren. Le ciel nourrit notre mélancolie, aujourd'hui aussi ombrageux que le regard du visiteur, au teint rougeot, que nous avons rencontré hier. Assis au pied de peintures millénaires, il lisait quelques feuillets couverts de caractères arabes. Son guide se démenait à quelques pas de là avec une touriste de son groupe, réclamant la gravure de rhinocéros photographiée dans son livre. Certains incidents nous font nous féliciter d'être partis en groupe autonome…

Vendredi 17/12/2004, 09 h 30, quelque part près d'Eratestest, entre Alanedouaren et Jabbaren. Nous avons traversé un grand plateau rocailleux où, sur une fine couche de sable grossier sont disséminées pierres noires et lamelles rouge ocre. Contrairement à ce que nous avons observé dans l'Adrar de Mauritanie, où les épineux préféraient les emplacements caillouteux, ici les touffes vertes poussent dans les creux sablonneux, où leurs racines retiennent de petits monticules de sable. La piste est faite de sentiers grossièrement parallèles, s'écartant parfois autour d'un rocher, ou d'une tombe, cerclée de pierres. Même les affleurements rocheux témoignent du passage des hommes et des ânes par l'usure de leur surface. Nous faisons une pause à la faveur d'un rayon de soleil, alors que nous venons de pénétrer dans une zone plus en relief. A nos pieds, les couches multicolores de schistes dessinent une mosaïque. Le vent glacé nous pousse à repartir.

Vendredi 17/12/2004, 13 h 00, Jabbaren

C'est l'hiver saharien que nous découvrons aujourd'hui. Notre marche dans un vent pénétrant, contournant de petits monticules de roches, évoquait les steppes de l'Asie centrale. Sur la fin, les cailloux ont fait place au rocher nu et lisse. Nous nous joignons quelques temps à la troupe d'ânes d'un autre groupe. Nous les laissons près de l'arrivée pour aller visiter deux grands cyprès, au fond d'une petite gorge. Le bruissement du vent dans leurs branches nous apaise. Au bivouac de Jabbaren, nous hésitons pour choisir un abri. Mais à peine le repas fini, la pluie se met à tomber pour de bon. Nous montons les tentes … Tout autour, de gros rochers ronds dessinent des huttes au toit rugueux, mais, à leur pied, les niches sont étroites et précaires. C'est dans une de celle-ci que nous nous serrons pour la sieste.

Vendredi 17/12/2004, 18 h 00, Jabbaren

Le site de Jabbaren est sillonné de rues en pente, le plus souvent revêtues de roches lisses, luisantes et glissantes après la pluie, qui a duré plus de deux heures, pendant la sieste. Nous admirons la dame blanche, dont on devine la tête et le corps gigantesques, et un hippopotame, plus hippo que potame si on s'en tient à sa tête allongée. Les peintures se laissent deviner par soustraction, seules ont tenu les parties les plus sombres, ocrées. La différence entre gazelle, oryx et antilope fait l'objet d'une controverse entre notre guide et notre accompagnateur. Nos pérégrinations nous amènent jusqu'au bord de l'oued Amazar, large vallée que nous traverserons demain. Au point culminant du site (1900 m), nous apercevons les dunes proches de Djanet, noyées de brume. La vue doit être magnifique par beau temps.

Nous voici de retour au camp, où nous paressons devant le feu, installé sous un abri clos de hauts murs de pierres sèches, où dormiront âniers, cuisiniers et accompagnateurs. Nos tentes sont montées un peu plus loin, pas très éloignées du creux où se sont repliés les voisins de " Comptoirs de désert " à l'arrivée de la pluie. Leur installation a nécessité le déplacement de gros rochers, tâche à laquelle tous les touaregs se sont attelés. Les touristes du groupe sont arrivés lorsque tout était terminé. La galette de semoule est cuite. Nous avons eu droit à un petit morceau. Le temps va s'écouler lentement, jusqu'au repas, au dernier thé, aux chants du soir. Le ciel reste voilé. Notre dernière nuit dans le désert sera sans étoile, sous la tente.
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